mardi 18 février 2014

LOI SUR LA FAMILLE

Si vous voulez savoir un peu plus sur la loi de la famille, je vous conseille de lire l'article suivant (cliquez sur plus d'infos pour continuer à lire la suite de l'article):

Au village, une famille comme les autres : Sylvie, Vanessa et leurs deux enfants                       , par Laura Buratti

Bien acceptés par leurs voisins, Sylvie, Vanessa et leurs deux enfants vivent tranquilles dans un petit village d'Indre-et-Loire. Photo : Camille Drouet
Morand, 337 habitants, sa mairie, son clocher, sa station-service désaffectée. Une départementale qui file droit dans les champs dénudés. Au bout de la boue du chemin de terre, une petite maison de pierre. En février, des décorations de Noël qu'on n’a pas eu le temps d'enlever. Un petit garçon dort. Une petite fille dessine sa famille. Ses deux mères la couvent du regard. Vanessa et Sylvie font partie des vingt mille couples homoparentaux recensés en France par l'Insee en 2013.

Elles ont toujours voulu avoir des enfants, un chacune, mais hors de question d'avoir des relations sexuelles avec un homme. Pas de donneur anonyme non plus, elles voulaient que chacun des enfants connaisse son père. Avec le boulot d'aide-soignante de Vanessa et celui de Sylvie, chef de ligne dans une usine de charcuterie, elles n'avaient pas les moyens d'aller en Belgique. Alors, la quarantaine approchant, elles ont décidé de se lancer. Le couple procède à ce qu’elles appellent en riant des « inséminations artisanales ». Sylvie porte d’abord Chloé. Vanessa donne naissance à Ethan trois ans plus tard.
Dans le petit salon jaune aux poutres apparentes, accoudée à la table basse, Chloé 5 ans, termine son dessin. « Là, c’est Maman, là Nénène, et puis Ethan et moi », décrit fièrement la fillette dans son survêtement rose. « Nénène » ou Vanessa, sa « deuxième maman ». Un papa, deux mamans, les enfants s'y retrouvent très bien : « Finalement, ce n'est pas plus compliqué qu'une famille recomposée », relève Sylvie.
Entourée de dizaines de clichés des enfants, Vanessa évoque la loi Famille en remuant son café. Sylvie était à peine au courant. Elle a d’autres soucis en ce moment. Un plan social vient de lui coûter son emploi. « Et le petit dernier fait ses dents. » Vanessa regrette le report de la loi qui devait proposer un statut juridique à la coparentalité. Le fait que la procréation médicalement assistée soit reléguée aux calendes grecques la déçoit « pour les générations futures » mais encore une fois, elle et Sylvie n’ont pas attendu qu’on leur donne l’autorisation. « De toute façon, nous ne voulions pas d’un donneur anonyme. Pour que les enfants connaissent leurs pères. »
Pas de contrepartie financière en jeu. Les enfants portent le nom de leur mère biologique et celles-ci assument seules le coût de l’éducation de leurs enfants. « Par contre, c’est important pour nous qu’ils gardent un lien avec leurs papas, pour avoir des repères masculins, des racines. » Visites régulières, fêtes de Noël, cartes postales, photos, « et le papa reçoit tous les ans son cadeau de fêtes de pères », précise Sylvie qui salue l’attitude de la maîtresse du village. « Elle m’a demandé gentiment s’il fallait que la petite fasse autre chose le jour où les enfants confectionnaient les cadeaux. » Sylvie avait répondu simplement, comme à chaque fois qu’on lui pose une question : « Ils ont un papa et deux mamans ».
Pourtant, elles sont inquiètes. La mère de Sylvie, qui accepte mal leur union, l'a bien fait comprendre à Vanessa : « Moi, je suis la grand-mère de Chloé, toi tu n'es rien pour elle. » Vanessa sait qu'elle n'aura aucun droit sur Chloé si sa compagne venait à disparaître. Alors, au cas où, elles réunissent toutes les preuves possibles qu'elles sont bien une famille : compte joint pour les dépenses courantes des enfants, tickets de caisse, documents signés de leurs deux noms. Elles envisagent même de passer chez le notaire.
Elles aimeraient se marier, surtout Sylvie, mais quand le mariage sera ancré dans les mœurs. De toute façon, là non plus, elles n’avaient pas attendu la loi. Leurs alliances, elles les arborent depuis des années, sans comprendre les slogans
des opposants au mariage pour tous : Un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants.
« Nous n’avons jamais menti aux nôtres. 
» Elles n'ont jamais voulu faire de vagues. Ce qu’elles veulent ? « Pas grand-chose, un toit et des enfants heureux et en bonne santé », répond Vanessa sans hésitation. « Et qu’on laisse les couples homosexuels tranquilles », ajoute Sylvie. Un droit à l’indifférence en somme qu’elles ont trouvé à Morand. Pourtant, pas facile de savoir comment les voisins vont vous accueillir quand une partie de votre propre famille ne comprend pas votre mode de vie. « Quand Chloé est née, on a fait un pot de naissance, tout le voisinage est venu », explique simplement Sylvie qui peine depuis son village à comprendre le succès des défilés parisiens de la Manif pour tous.
La cloche sonne à l’école du village. Un vieux bâtiment gris avec son drapeau bleu-blanc-rouge et sa devise peinte sur le bois : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Devant la grille, Delphine attend la sortie de sa petite Maé, en classe avec Chloé. Elle semble surprise par nos questions. « L’important c’est que les enfants soient heureux, non ? Et Chloé est une enfant joyeuse. Comme ma fille… Enfin, comme n’importe quelle petite fille, en fait. » La voix de Noélie, 6 ans, s’élève au-dessus des cris des autres enfants. « Elle a de la chance Chloé : elle a deux mamans. »


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